Vous avez dit R. ?????

En cette matinée de grand froid, un jeune homme aux yeux verts était assis confortablement dans sa voiture. Portant à ses lèvres un café encore fumant, il observa de loin et discrètement, les personnes qu’il suivait depuis maintenant une bonne quinzaine de minutes, pénétrer dans un bar.
Les voyant s’asseoir non loin d’une fenêtre qui donnait directement sur la route, il estima rapidement ne pas avoir besoin de sortir, même si l’envie d’en savoir plus sur leur discussion actuelle le titillait.
En effet, les paroles que l’homme et la femme échangeaient, semblaient particulièrement drôles et amusantes. Et pour en témoigner, la jeune femme qui était typée, riait chaleureusement à chaque parole de son partenaire de table.
Le pseudo détective, vit un serveur s’approcher et déposer les boissons qu’ils avaient commandées quelques minutes plus tôt.
Un certain temps s’écoula ensuite, pendant lequel les deux jeunes gens parlaient et se montraient des photos en souriant et en riant par moment.
L’homme dans la voiture ne cessait de les fixer d’un mauvais œil. Visiblement, il ne semblait pas apprécier la scène qui se déroulait sous ses yeux. Un brin d’irritation était perceptible dans sa manière de tenir son gobelet de caféine.
Puis, la jeune femme se leva et disparut de son champ de vision.
Sans prendre le temps de réfléchir, il ouvrit sa portière et la claqua pour fermer sa voiture avant de s’approcher en courant du bar.
Une fois à l’intérieur, il se dirigea d’un pas assuré vers la table qu’occupait les deux personnes qu’il avait observées pendant un peu plus d’une heure et s’assit sur la chaise vide de la jeune femme.

- Excusez-moi mais cette place est prise, l’informa poliment l’homme surpris de le voir s’installer.
- Je sais, se contenta-t-il de répondre.

Bizarrement, en l’observant attentivement, un certain malaise prit le détective. Il lui faisait le coup de son regard « intimidateur » comme il aimait l’appeler, mais l’homme en face de lui ne semblait pas perturber et lui souriait moqueusement.

- Bien que je serai ravie de prendre un café avec vous, aujourd’hui je suis accompagné et j’aimerai bien …
- Je suis le coéquipier de Ziva !

Cette phrase l’interrompit net. Il espérait depuis longtemps que l’israélienne organise une rencontre avec SON fameux partenaire. D’un mouvement excité, il lui tendit la main un grand sourire sur le visage.

- Vous devez être Tony alors ! Je m’appelle Ryan !

Une mine surprise s’afficha sur le visage de l’italien. Cet homme lui avait dit son prénom sans même qu’il n’ait besoin de lui demander et encore plus surprenant, il avait prononcé son prénom alors qu’ils ne s’étaient encore jamais rencontrés.

- Elle vous a parlé de moi ? Interrogea-t-il en souriant bêtement avant de reprendre aussitôt un air sérieux. Remarque, je me fous de la réponse ! Si je suis ici c’est pour vous mettre en garde !

Avec une petite mou gênée, Ryan reposa sa main qui était toujours suspendu en l’air sur la table et le fixa, toujours avec un fin sourire.

- Me mettre en garde ?
- Oui ! Ziva est une partenaire assez … spéciale ! Elle est impulsive, moqueuse, douée d’une grande imagination de menaces et parfois dangereuse mais …
- Attendez, vous me mettez en garde sur le caractère de Ziva pour que je prenne peur ?
- Mais comme j’allais le dire, c’est également une personne sensible ! Elle m’a l’air bien avec vous … et je vous assure que si vous la blessez d’une quelconque manière, je viendrai m’occuper personnellement de vous !

Tony avait prononcé ses mots de manière intimidante… Du moins c’est ce qu’il souhaitait croire. Mais le visage mi-amusé mi-admirateur qu’avait l’homme assis en face, le faisait douter.

- Je suis sérieux Ryan !
- Je n’en doute pas, assura immédiatement ce dernier.
- Pourquoi continuez-vous de sourire alors ?
- Rectifiez-moi si je me trompe … mais pour vous, je suis en couple avec Ziva ?

L’italien fut déstabilisé un instant par la question de Ryan.

- Ce n’est pas le cas ?

Un certain soulagement pouvait se ressentir au son de la voix de Tony quand il prononça cette question. Au fond de lui, il espérait réellement à une réponse telle que « Évidemment que non ! » ou encore « Ziva me plait beaucoup mais je suis déjà marié à une autre femme ». Il surprit alors son regard à fixer la main de Ryan dans l’espoir de voir une bague qui confirmerait ses pensées. Mais il n’en trouva pas. De plus, la réponse se faisait sérieusement attendre et il replongea ses yeux verts dans ceux de l’homme qui apparemment préférait regarder ce qui se passait derrière Tony.

- Vous sortez avec Ziva oui ou non ?

N’obtenant pas de réponse, Tony avait décidé de jouer but en blanc et avait posé la question cash. Cependant, en voyant le sourire moqueur de Ryan s’élargir et son regard toujours fixé derrière lui, il comprit que quelque chose se passait. Et il découvrit bien vite ce que c’était.

- Je pense être assez grande pour gérer mes relations et mes fréquentations toute seule Dinozzo !

Réprimant une légère grimace, il se retourna pour faire face à la personne qui avait prononcé cette phrase.

- Tu es là depuis longtemps ? Interrogea-t-il en reprenant un visage impassible.
- Assez longtemps pour te dire de te mêler de tes fringues !
- Affaires ! Corrigea-t-il aussitôt. On dit se mêler de ses aff …

Il s’interrompit en voyant les yeux de sa partenaire lui lancer des éclairs.

- On s’en fou Tony ! Déclara cette dernière brusquement.

D’un mouvement de tête, elle indiqua à Ryan la sortie du bar et l’accompagna, laissant l’italien seul.
Il observa la scène de l’intérieur, frustré de ne pas avoir obtenu de réponse à sa question et de ne pas savoir ce qu’ils se disaient actuellement. Le visage de sa partenaire avait décoléré et elle semblait maintenant bien rigoler. Il vit Ryan lui remettre un bout de papier et faire la bise à la jeune femme avant de partir. Ce geste répondit à l’interrogation de Tony … Il l’avait embrassé sur la joue … Ce geste si anodin, se révélait d’une grande satisfaction. Était-il jaloux ?… Sûrement un peu ! Mais Ziva était sa partenaire et il s’inquiétait pour elle. Cet homme de Miami était juste un bon ami visiblement et cela le rassura.
Après que Ryan fut parti, Ziva revint à l’intérieur du bar et se dirigea vers sa chaise afin de prendre son manteau. Elle l’enfila prestement et marcha d’un pas énergique vers la porte.

- Tu me ramènes ?!

Aux oreilles de Tony, ses paroles correspondaient plus à un ordre plutôt qu’à une question. Néanmoins il ne dit rien et passa devant sa coéquipière pour la conduire jusqu’à sa voiture.
Ils s’engouffrèrent dedans sans un mot et prirent la route.

- Au fait Tony, tu aurais pu trouver mieux comme place pour ne pas te faire repérer ! L’informa l’israélienne sarcastique après quelques minutes de silence.
- Pardon ?
- Te garer non loin du bar était trop prévisible de ta part ! Et, tu ne t’es toujours pas améliorer en matière de filature depuis notre première rencontre !

L’italien fut quelque peu abasourdi par les propos de sa partenaire… mais également vexé. Certes, duper Ziva, Officier du Mossad ultra-entrainé, n’était pas chose aisée mais il ne s’attendait pas à s’être fait prendre. A moins que …

- Tu prétends m’avoir repéré pour ne pas avoir à avouer que tu t’es fait avoir ! S’enthousiasma-t-il soudain sûr de lui.

L’israélienne émit un léger ricanement avant de tourner son visage vers le cinéphile.

- C’est vraiment ce que tu crois ?

Arrivant à un feu rouge, l’italien appuya sur le frein et stoppa la voiture en plantant son regard dans celui de Ziva.

- Ab-so-lu-ment ! Affirma-t-il de manière lente en articulant bien sur chaque syllabe.
- Crois ce que tu veux alors ! Mais sache que je n’ai pas apprécié que tu me suives et ce, dans MA vie privée !

Un coup de klaxon derrière eux, fit comprendre à Tony que le feu était passé au vert. Il redémarra et s’engagea dans la rue où se trouvait l’appartement de la jeune femme.

- Je voulais simplement m’assurer que ce type était quelqu’un de bien, déclara-t-il, un léger malaise le prenant.

Ziva fut touchée par cet aveu comme le jour où il avait prononcé ces mots : « Objet fragile ! Contenu inestimable !». Elle ne l’expliquait pas mais même si Tony paraissait souvent immature dans sa tête, elle savait qu’elle pouvait toujours compter sur lui.

- Merci Tony, souffla-elle enfin alors qu’il se garait devant son immeuble. Mais je suis une grande fille et je sais reconnaître les gens qui sont fréquentables ou non …
- Et moi je le suis ?
- Hum … faut que j’y réfléchisse …, sourit-elle.

Tony prit aussitôt un air choqué et Ziva ne sut dire s’il l’était vraiment ou s’il faisait semblant. Elle posa sa main sur la poignée de la portière et avant d’ouvrir tendit une carte avec un numéro de téléphone à son partenaire.

- De la part de Ryan, indiqua-t-elle en souriant. Tu lui as tapé dans l’œil, il souhaiterait beaucoup te revoir !
- Hein ? Ne put que dire Tony, peu sûr de comprendre … ou plutôt peur d’avoir bien interprété les dires de sa coéquipière.
- Ton charme ravageur a encore frappé, ironisa l’israélienne en descendant de la voiture et en lui faisant un léger clin d’œil avant de pénétrer dans son immeuble.