Du gros n'importe quoi !

L’air était particulièrement frais en cette nuit d’Avril et un épais brouillard avait pris possession de la ville quand l’Officier du Mossad, Ziva David, sortit de chez elle. Réajustant son bonnet et son écharpe pour garder la chaleur qui l’habitait actuellement, elle commença à s’enfoncer dans les noirceurs d’une petite ruelle située à sa droite. Sentant le froid lui picoter le bout des doigts, elle porta ses mains au niveau de ses poches et sortit une paire de gant qu’elle se dépêcha d’enfiler. Après une bonne trentaine de minutes à marcher, elle s’arrêta à côté d’une cabine téléphonique et jeta un rapide coup d’œil sur le panneau indiquant le nom de la rue. Satisfaite, elle resta immobile à sa place et regarda sa montre.

- Dix minutes d’avance, murmura-t-elle.

Légèrement tendue, la jeune femme inspira grandement avant de porter une main au niveau de son ventre.

- Ziva, mais dans quoi t’es-tu encore embarquée ? S’interrogea-t-elle en levant les yeux au ciel.

Pourquoi avait-elle accepté d’aider cette parfaite inconnue rencontrée quelques heures auparavant ? Pourquoi n’avait-elle pas appelé quelqu’un pour l’avertir de ses futures intentions ? Et pourquoi y avoir été seule au beau milieu de la nuit ? C’était de l’inconscience pure, Ziva le savait ! Et même si à cet instant précis elle doutait d’avoir agit de la sorte, l’adrénaline coulait dans ses veines et l’empêchait de rebrousser chemin. Un crissement de pneu se fit alors entendre, la forçant à chasser toutes ses questions et à se concentrer. Dans ce brouillard, l’israélienne percevait uniquement les phares de la voiture qui fonçait apparemment droit sur elle à une vitesse vertigineuse. La voyant arriver de plus en plus près et de plus en plus vite mais ne l’entendant toujours pas ralentir, la jeune femme sentit ses muscles se raidirent, prête à bondir sur le côté si besoin était.

- Freine bon sang, freine ! Chuchota-t-elle un brin d’angoisse dans la voix.

La voiture se trouvait maintenant à une centaine de mètre de Ziva quand elle pila et détourna le volant pour l’éviter. Elle la dépassa légèrement et l’Officier du Mossad put voir qu’il s’agissait en fait, d’une mini-camionnette. Après s’être immobilisée, trois hommes sortirent par l’arrière et se dirigèrent d’un pas assuré vers la jeune femme. D’après ce que lui avait raconté la jeune inconnue dont elle avait usurpé l’identité, ces hommes souhaitaient juste parler et n’étaient pas réellement mauvais mais elle leur avait emprunté une somme d’argent plutôt conséquente et elle ne trouvait aucun moyen pour le leur rembourser. Ayant plusieurs fois eut à faire à ce genre de situation en Israël, Ziva lui avait dit qu’elle pourrait essayer d’arranger ce souci. Elle lui avait donc demandé des détails et avait pris l’adresse où ils lui avaient donné rendez-vous…

- Vous avez ce que vous nous devez ? Demanda l’homme du milieu pendant que les deux autres se positionnaient de part et d’autre de la jeune femme.
- Non, mais je pour …

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que les deux hommes l’avaient fermement empoigné. Son instinct reprenant le dessus, elle donna un violent coup de pied dans le tibia de celui de droite qui surpris la lâcha en hurlant de douleur. Aussitôt son bras de libre, elle envoya son poing dans le visage de l’homme qui se trouvait à sa gauche. Elle sourit de satisfaction en entendant un léger craquement suivit du cri de douleur qu’il poussa alors qu’elle sentit son étreinte se relâcher. Elle chercha du regard le troisième homme, étonnée de ne pas l’avoir vu porter secours aux deux autres. Sur ces gardes, elle s’approcha lentement de la camionnette qui n’avait pas bougé et dont le moteur était toujours en marche. Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus vite dans sa poitrine et sa respiration était plus saccadée. Tout son corps était en alerte, prêt à bondir si l’homme surgissait devant elle. Elle s’avança encore un peu plus mais elle entendit un bruit suspect survenir de derrière. Avant qu’elle n’ait pu se retourner, l’Officier du Mossad ressentit une violente brûlure suivi d’un électrochoc au bas du dos et sentit son corps s’affaisser au sol avant de perdre connaissance.



C’est au son des bips réguliers d’un appareil médical que Ziva émergea doucement. Encore un peu sonné, elle cligna plusieurs fois des yeux afin de s’habituer progressivement à la lumière perçante de la pièce. Elle reprit peu à peu ses esprits et après plusieurs minutes put enfin observer la pièce dans laquelle on l’avait mise, sans son autorisation évidemment … Les murs étaient blancs et ternes, une petite table de chevet était positionnée sur sa droite et un tableau représentant des fleurs violettes ornait l’un des murs. Sur sa gauche, un monitoring suivait les battements de son cœur et une perfusion libérant un liquide blanc était directement reliée à son poignet. Elle regarda alors sa tenue et s’aperçut que ses vêtements avaient été remplacés par une de ses affreuses chemises bleues d’hôpital. A la vue d’un petit coton scotché au niveau de la pliure de son bras, l’israélienne en conclu que les médecins lui avaient fait une prise de sang et qu’ils devaient maintenant être au courant de sa condition. Ce qui n’était pas une mauvaise chose en soi. Même si cela semblait une évidence, Ziva ne comprenait pas comment elle avait pu atterrir à l’hôpital. Son dernier souvenir remontait à cette ruelle où elle s’était évanouie après avoir sûrement reçue un coup de teaser. Tout en pensant à cet incident, sa main se porta instinctivement à l’arrière de son dos et elle sentit un pansement là où elle avait été touchée. Son cœur s’étant légèrement accéléré, un homme en blouse blanche ne tarda pas à rentrer dans la pièce.

- Ravie de voir que vous êtes enfin réveillée ! Je suis le docteur Eliot, sourit-il alors qu’il s’approchait et commençait à vérifier ces constantes. Pas de douleur particulière ?

Ziva l’examina de la tête au pied. Les médecins n’étaient pas vraiment des personnes qu’elle appréciait quand ceux-ci exerçaient leurs fonctions et plus spécifiquement sur elle. De plus, son instinct lui disait que quelque chose ne collait pas avec cet hôpital...

- Non, répondit-elle néanmoins.
- Pas de maux de tête même léger ?

L’israélienne hocha négativement la tête en signe de réponse.

- Vous vous souvenez des évènements de cette nuit ?

La jeune femme tiqua à cette question, ne sachant pas quoi répondre.

- Est-ce que je pourrai appeler quelqu’un ? Demanda-t-elle, détournant ainsi la conversation.

Le médecin qui jusqu’alors affichait un sourire, se figea.

- Non !
- Non ? Réitéra Ziva étonnée.
- Non, vous ne pouvez pas car vous êtes désormais en ma possession ! Surgit la voix grave d’un homme à la porte.